Bloqués dans le Canal de Panama
Position 9 15.66N 79 54.13W le 11 Janvier 2013 vers 18h00 (TU-5)
Après avoir rempli les formalités pour passer le canal de Panama et payé cher, nous voici en route vers le Pacifique.
Un pilote du canal est avec nous et nous avons trois équipiers en plus (Philippe de Papou et Richard & Cynthia de Baloo).
Nous sommes maintenant Mardi 15 Janvier et nous sommes toujours au milieu du canal -Lac Gatun) avec un moteur cassĂ©. Ci-dessous des extrait de mon « rapport de mer » pour l’assurance…
Vendredi 11 Janvier vers 15h30, nous entrons dans la première Ă©cluse. Alors qu’elle commence Ă se remplir, l’alarme moteur de tempĂ©rature haute se dĂ©clenche. Les remous dans l’Ă©cluse sont considĂ©rables et le bateau devant rester manĹ“uvrant nous ne sommes pas autorisĂ©s Ă couper le moteur. L’indicateur de tempĂ©rature est au maximum.
Vers 16h00, Ă l’ouverture des portes nous avançons au moteur dans la deuxième Ă©cluse. Notre Pilote contacte le capitaine et le pilote d’un Super Yacht qui est dans l’Ă©cluse avec nous. Ils nous autorisent Ă nous mettre Ă leur couple pour passer les deuxième et troisième Ă©cluses.
Nous nous mettons à couple et coupons le moteur au plus vite. A la sortie de la troisième écluse nous devons nous dégager du Super Yacht et poursuivre par nos propres moyens sous peine de se voir imposé un remorquage à grands frais.
Durant le passage des deux dernières Ă©cluses, pensant qu’il s’agit d’un problème de pompe Ă eau de mer, mes deux Ă©quipiers dĂ©montent le pompe. Nos constatons que celle-ci est intacte (l’impeler et autres pièces d’usure avaient Ă©tĂ© remplacĂ©es au cours de l’entretien annuel une centaine d’heures moteur plus tĂ´t).
Nous ne sommes pas autorisĂ©s Ă plonger dans le canal pour inspecter la prise d’eau de mer sous la coque. Nous dĂ©montons la pompe de cale Ă©lectrique pour l’utiliser afin de refroidir le moteur. Nous la connectons Ă la prise d’eau de mer sous l’Ă©vier de la cuisine (avec installation d’un filtre) et la sortie de pompe est raccordĂ©e sur la durite du moteur.
Pour sortir de la troisième Ă©cluse nous mettons le moteur en marche. L’eau de refroidissement sort bien par l’Ă©chappement. Le moteur tourne au ralenti et nous implorons notre pilote qui finalement nous autorise Ă monter une voile. Nous arrivons juste avant la tombĂ©e de la nuit au
mouillage du Lac Gatun.
Dans la nuit nous préparons une deuxième pompe électrique au cas où la première ne tienne pas la distance.
Samedi 12 Janvier: 6h15 – Le Pilote monte Ă bord et nous donne l’ordre d’appareiller. Le moteur ne veut pas dĂ©marrer – nous insistons un peu mais le moteur ne dĂ©marre pas.
Le pilote informe les autorités du Canal que notre passage est annulé et appelle une navette pour venir le chercher.
Nous enlevons le cache avant du moteur pour constater que lorsque le dĂ©marreur tourne la courroie d’entraĂ®nement de l’arbre Ă came ne tourne pas. La courroie Ă perdu des dents.
La navette vient chercher le Pilote. J’embarque avec Richard sur la navette pour aller Ă terre acheter une courroie de remplacement. Nous revenons dans la journĂ©e avec une courroie neuve.
Mes Ă©quipiers remontent la courroie et au moment de « caler » le moteur ils se rendent compte que l’arbre Ă came ne tourne pas. Ils dĂ©montent l’arbre Ă came pour constater la casse de nombreuses pièces. Impossible de rĂ©parer sur place. Nous fermons les portes d’accès au moteur car nous ne pouvons plus rien faire de ce cĂ´tĂ© lĂ .
Notre objectif est de trouver un moyen pour poursuivre la traversĂ©e jusqu’au Pacifique oĂą il y a un agent Perkins qui pourra rĂ©parer le moteur.
Nombreuses conversations avec les Capitaines du Port et le centre des opĂ©rations du Canal afin de trouver un moyen de sortir de lĂ . Tous sont d’accord sur le fait qu’il faut trouver une solution, autre que le remorquage par les services du Canal – son coĂ»t Ă©tant prohibitif (on m’a annoncĂ© un coĂ»t de l’ordre de 1700 dollars de l’heure et il faudrait compter une dizaine d’heures!!!).
Samedi soir les autoritĂ©s du Canal m’autorisent Ă poursuivre la traversĂ©e Ă couple (ou en remorque) d’un autre voilier Ă condition que nous soyons assurĂ©s d’avancer Ă un minimum de 4 nĹ“uds. Nous en
discutons avec un voilier qui arrive dans la soirĂ©e (« Philou »). Le capitaine est d’accord pour nous remorquer. Nous appelons les autoritĂ©s du canal qui parlent longuement avec le capitaine de « Philou » pour s’assurer que nous tiendrons les 4 nĹ“uds et qu’il comprenne les risques si ce n’est pas le cas. Nous avons l’accord des autoritĂ©s du Canal.
Dans la nuit nous prĂ©parons les bateaux en les mettant Ă couple. Nous installons une chaise de fortune Ă l’arrière d’ « Hibiscus » afin d’y installer le moteur hors-bord de 10 chevaux. Nous sommes prĂŞts.
Les autoritĂ©s de canal nous appellent pour nous interdire tout mouvement tant qu’ils n’ont pas l’accord de leur service financier. Celui-ci ne sera ouvert que Lundi…
Dimanche 13 Janvier :Tous mes équipiers temporaires embarquent sur « Philou » afin de
retourner Ă terre sans frais de navette. Nathalie et moi restons seuls Ă bord.
Je ne pense pas pouvoir m’en sortir sans assistance extĂ©rieure et j’envoie un message Ă M Thomas de Campou (mon agent d’assurance) pour l’avertir de la situation. Il rĂ©agit aussitĂ´t et enclenche la procĂ©dure de traitement de sinistre. »
Un expert dĂ©pĂŞchĂ© par l’assurance Ă©tudie le moyen le moins onĂ©reux de nous faire sortir de lĂ .
La suite dès que nous avons des nouvelles….