Sauvetage d’Hibiscus!!!
Mardi 17 Janvier – Nargana – Après avoir passé 2 nuits à Nargana / Curazon (pour profiter d’un des seuils accès Internet des San Blas) nous levons l’ancre vers 10H…L’Abaltros nous devance de peu, ils ont passé les récifs et ont sorti la grand voile… le vent est toujours aussi présent, c’est fatiguant, nous aimerions trouver une baie plus abritée ou l’on peut se baigner!
Lors de notre passage précédent à Nargana, nous avions remarqué que le GPS ne captait pas de signal et donc n’indiquait pas notre position sur la carte, mais qu’après quelques centaines de mètres tout était ok… le même phénomène se produit et nous gérons à vue…
Nous sortons la grand voile à l’abri de l’île de Nargana et prenons le cap en direction de la passe entre les récifs…. dix secondes plus tard le sondeur indique « 0 » mètre d’eau sous la quille! le bateau stoppe… Hibiscus est posé sur un banc de sable!!!
Pas de panique, nous gardons notre sang froid. Philippe essaie d’avancer en mettant le moteur à fond… impossible on ne bouge pas du tout…. la quille est enlisée dans une espèce de vase bien visqueuse! A chaque tentative de se dégager avec le moteur une écume de boue marron jaillit à l’arrière du bateau….
Par VHF, j’appelle Steph et Valérie de L’Albatros, qui aussitôt font demi tour… Quoi faire!!! Jean Luc et Caroline du bateau Khaya nous voient en difficulté, Jean Luc arrive sur son annexe. Il se pend au bout de la bôme pour essayer de faire giter le bateau… rien de bouge… il faut dire qu’il n’est pas bien gros!
L’Albatros arrive sur la zone d’échouage… première tentative… nous fixons à l’avant d’Hibiscus une amarre de 50 m que Jean Luc apporte en annexe jusque l’Albatros, Steph l’attache sur un taquet pour pouvoir nous tirer!!! Plein gaz, avec un moteur à 110 chevaux, l’Albatros tente de nous dégager…rien à faire, la quille s’enfonce un peu plus!!!!! Nous sommes inquiets…on imagine le pire pour le safran!!
Pendant ce temps là quelques curieux arrivent en annexe pour voir si ils peuvent aider, un Américain avec son sondeur nous indique qu’à quelques mètres à bâbord il y a 8 m de profondeur… un autre nous dit que cela lui est arrivé au même endroit et qu’il faut tirer le bateau par l’arrière… une pirogue arrive avec 2 Kunas à bord.Ils plongent leurs rames dans l’eau pour nous faire comprendre que nous sommes dans à peine 80 cm d’eau… alors que notre tirant d’eau est de 1,80 mètres!!!! Malgré tous les conseils il faut prendre la meilleure décision pour éviter une avarie!!!
Philippe se met à l’eau par la jupe arrière… palmes, masque et tuba… il a de l’eau jusqu’aux genoux!!! une bonne moitié du safran est enfouie dans le sable. Et il constate que effectivement il y a plus de 6 mètres d’eau à moins de 2 mètres sur bâbord!!! Le seul moyen de se dégager est donc par le travers….
Deuxième tentative… il faut coucher Hibiscus à l’horizontal de manière à réduire le tirant d’eau, le faire flotter et le tirer là ou il y a un peu plus d’eau…. Philippe utilise la drisse de spi accrochée en haut du mat, rajoute une amarre de 50 m, Jean Luc en annexe l’ apporte à Steph qui fixe le tout sur un de ses taquets arrière…. pendant ce temps là je ferme toutes les vannes du bateau, contrôle les hublots pour qu’aucune voie d’eau ne s’infiltre!!!
Je ne suis pas rassurée, Philippe garde la face mais s’inquiète de la résistance du mat qui va supporter le poids du bateau et la résistance de la quille plantée dans la vase. Jean Luc est resté à bord et essaie de détendre l’atmosphère, en nous expliquant que l’on ne risque rien, même si le bateau ne bouge pas il se redressera de toute façon il en a déjà fait l’expérience!!!
Ça y est tout le monde est prêt, Steph lance son moteur, ça bouillonne derrière l’Albatros, Hibiscus commence à chavirer, la manœuvre est trop rapide, on ressent les a-coups et la résistance, Philippe a les yeux rivés en haut du mat et n’est pas tranquille, il faut arrêter!!! Pour se dégager Steph coupe rapidement l’amarre qui nous relie et Hibiscus se redresse…
Au loin un bateau militaire
avec 4 énormes moteurs est à quai…. Jean Luc m’amène en annexe
pour leur demander de l’aide!!! Pas besoin de leur expliquer la
situation, depuis 1 bonne heure nous faisons l’attraction du
mouillage!!!
Troisième tentative…. Le bateau équipé de 800 cv s’approche d’Hibiscus, nous lance une amarre et Philippe la fixe à la drisse de spi….Philippe leur explique la manœuvre et demande à ce qu’ils tirent progressivement, de manière à ne pas faire subir au mat trop de tension d’un coup!!!
Tout s’enchaine, Philippe et Jean Luc restent sur le pont et s’accrochant à la baume, tandis que moi moins courageuse je me planque accroupie les yeux fermés dans le cockpit…la sensation de chavirer est particulière, mais je me dis que nous ne sommes que dans 80cm d’eau, alors relaxe!!!
Par signaux, Philippe dirige la manœuvre indiquant à celui qui est aux commandes de mettre plus ou moins de puissance… quelques minutes se passent au fur et à mesure Hibiscus se couche coté bâbord… le niveau de l’eau monte un centimètre à la fois… l’eau arrive au niveau du rail de fargues… on ne flotte toujours pas… un peu plus de gaz… l’eau arrive sur le pont et vient lécher le rail d’écoute du génois…. l’avant d’Hibiscus commence à pivoter et enfin il se dégage progressivement des 80 cm d’eau!!!!! L’amarre est lâchée, le bateau se redresse!!! Ouf!!!!
Tout le monde est soulagé….que d’émotions! Philippe reprend les commandes, met le moteur en marche et nous jetons l’ancre plus loin!!!!!
Aucun dégât apparent, pas de jeu au niveau de la barre à roue, sur 1m de hauteur l’antifouling du safran est parti , ainsi qu’à l’avant du bateau…il faudra gratter régulièrement afin d’éviter l’adhérence de coquillages….
Steph et Valérie de L’Albatros, ainsi que Caroline de Kahya( épouse de Jean Luc) ont pris les photos qui se passent de commentaires! Un grand merci à L’Albatros pour son intervention rapide, ainsi qu’à Jean Luc pour ses conseils avertis….. une histoire qui finit bien!!!